LES STADES DE L’OGC NICE
L’Allianz Riviera
Il faudrait quelques tomes bien volumineux pour expliquer l’historique de la naissance d’un nouveau stade à Nice. La lecture très appliquée des archives fait état de la volonté d’agrandir le stade du Ray ou d’en construire un nouveau dès les années 50. Les piteux résultats des années 60 calmeront les ardeurs des initiateurs du projet qui retrouveront des couleurs durant les années 70.
À plusieurs reprises, Jacques Médecin évoquera diverses pistes visant à la construction d’un nouveau stade dans la plaine du Var. Il faudra ensuite réellement attendre les années 2000 pour voir à nouveau émerger des projets plus ou moins sérieux. Mais lorsque la volonté politique et les finances semblent ne plus être un obstacle, apparaissent alors des problèmes liés à un cahier des charges mal ficelé ou à la malhonnêteté de certains agents municipaux.
Et puis vint Christian Estrosi ! Je ne parle pas du Maire de Nice mais de l’ancien sportif de haut niveau puisque champion de France de Motocycle à quatre reprises. Le secret était là : il fallait un maire sportif pour mener le projet de nouveau stade à son terme. Forcément, le chemin fut semé d’embûches mais elles furent franchies, les unes après les autres.
Quant au financement, il convient de reconnaître qu’il serait bien malin celui qui aura compris qui, au final, devra payer quoi ! La version officielle indique que « l’Allianz Riviera est né d’un partenariat public privé (PPP), principe selon lequel une autorité publique confie à des intervenants privés le financement et la gestion d’un équipement d’utilité publique. Les partenaires publics sont la Ville de Nice, la Métropole Côte d’Azur, le Conseil général des Alpes-Maritimes, le Conseil régional Provence Alpes Côte d’Azur et l’Etat. Les partenaires privés sont VINCI Concessions, la Caisse des Dépôts et Consignations et South Europe Infrastructure Equity Finance (SEIEF). »
Et concrètement ? Sur un coût total de 243 millions d’euros, la ville de Nice a versé 16 millions d’euros, la Métropole Nice Côte d’Azur, 6 millions d’euros, le Conseil Général des Alpes-Maritimes, 20 millions d’euros et le Conseil Régional, 7 millions d’euros. Enfin, l’État a versé une subvention de 20 millions d’euros, soit un total de subventions s’élevant à 69 millions d’euros. Le reste du financement est pris en charge par des sociétés privées, la plus importante d’entre elles étant Vinci.
En contrepartie de cette participation financière, Vinci pourra gérer et encaisser les bénéfices liés aux manifestations organisées dans le stade pendant une durée de 27 ans. La ville de Nice lui versera aussi une « redevance » annuelle de 10 millions d’euros pour couvrir les frais de gestion du stade pendant cette même période de 27 ans. Si la gestion et l’entretien coûtent plus cher, ce sera à la charge de Vinci…
De ces 10 millions, la ville pourra déduire le loyer versé par l’OGC Nice pour l’occupation des lieux, à savoir un loyer fixe d’un million d’euros annuel auquel s’ajoute une partie variable calculée selon le nombre de spectateurs (entre 3 et 4 millions d’euros au total). Pour résumer, au plus il y aura de spectateurs dans le stade, au moins la note à payer par la ville de Nice sera salée. Et si le Gym descendait en deuxième division ou pire, déposait le bilan, c’est la ville qui prendrait le relais. Comme au Mans, par exemple, où les contribuables ont payé à la place du club jusqu’à 500.000 euros de loyer au concessionnaire (là encore, Vinci) …
Un autre élément allège cependant la redevance : le « naming ». La société « Allianz » s’est engagée à payer 1,8 millions d’euros par an pendant 9 ans pour que le stade porte son nom. Là-aussi, si le Gym venait à sombrer en Ligue 2, la ville de Nice devrait verser une compensation à Allianz… Une bonne raison de plus pour croiser les doigts et espérer que le club reste abonné à la Ligue 1.
Voilà donc exposés quelques-uns des éléments du montage financier ayant permis la construction de l’Allianz Riviera. Quant à savoir s’il s’agit d’une bonne affaire ou non pour la ville, il s’agira de faire le bilan des recettes et des dépenses au bout des 27 ans pour le savoir…
Située sous la tribune Ségurane, la salle de conférence peut recevoir jusqu’à 300 personnes. Ce lieu est destiné à accueillir les conférences de presse d’après-match. Sur le côté, on peut remarquer une dizaine de petites cabines semblables à des prétoires qui sont des loges destinées à loger les interprètes lors des rencontres internationales.
La tribune de presse, située tout en haut de la tribune Ségurane, peut accueillir jusqu’à 400 journalistes. En moyenne, ils sont une trentaine pour les matchs de l’OGC Nice.
La société Vinci, élue pour la construction du stade, dispose d’un certain savoir-faire dans ce genre de travaux. En effet, nous lui devons aussi le Stade de France, la MMA Arena du Mans ainsi que les nouveaux stades de Bordeaux et de Lyon.
Le choix du nom des tribunes a fait l’objet d’une procédure en deux phases. Les Niçois ont d’abord été sollicités pour proposer un nom. Puis, parmi les dix premiers noms les plus cités, un jury en a retenu quatre. Composé de Christian Estrosi et de son adjoint délégué aux sports (Gilles Veissière), de Jean-Pierre Rivère (président de l’OGC Nice), de Xavier Lortat-Jacob (directeur général de Nice Eco Stadium, société gestionnaire du stade) et de cinq représentants de clubs de supporters, le jury a dû choisir entre les noms d’anciens joueurs (Adams, Gonzalez, Nurenberg et Bjekovic), de personnages historiques et d’hommes politiques niçois (Garibaldi, Ségurane, Masséna, Médecin) ainsi que des termes « Sud » (en référence à la tribune populaire Sud du stade du Ray) et de « Ray » (en référence au stade du Ray).
Le 14 décembre 2012, il est mis fin à cet insoutenable suspense puisque les quatre noms sont enfin dévoilés : « Garibaldi » pour la tribune est, « Ségurane » pour la tribune ouest, « Ray » pour la tribune nord et « Populaire sud » pour la tribune… sud.
À noter qu’à l’angle des tribunes Populaire Sud et Garibaldi, le haut du deuxième anneau accueille les bureaux de l’architecte du stade, Jean-Michel Wilmotte. Comme ce doit être étrange de venir travailler tous les jours dans les tribunes d’un stade. Le rêve pour tout supporter, non ? Symétriquement à ces bureaux, à l’angle des tribunes Ray et Ségurane, se trouvent les locaux techniques de l’Allianz. De là, on commande l’éclairage, les publicités, l’écran géant. On y trouve aussi le poste de contrôle de la sécurité. Ce ne sont pas moins de 132 caméras qui scrutent chacun des faits et gestes des occupants du stade.
En dehors des jours de match, les salons du stade accueillent aussi des réunions, séminaires ou rencontres professionnelles organisés par les entreprises. Des « Garden Parties » peuvent même être organisées au bord de la pelouse du stade. Tout est question de taille, de goût et, surtout, de prix…
Calendrier de la construction de l’Allianz Riviera
- Concertation publique (durée : 1 mois) à compter du 29 oct. 2010.
- Désignation du lauréat au Conseil Municipal du 17 décembre 2010.
- Signature de l’acte à la suite
- Dépôt du permis de construire : 22 décembre 2010.
- Délivrance prévisionnelle du permis de construire : 26 juillet 2011.
- Début des travaux de terrassement : août 2011.
- Démarrage des fondations : septembre 2011
- Édification de la structure en béton : début 2012
- Démarrage des corps d’états techniques et architecturaux : été 2012
- Montage de la charpente : à partir de septembre 2012
- Fin du génie civil : octobre 2012
- Installation membrane de couverture : 1er trimestre 2013
- Installation des sièges : Juillet 2013
- Mise en place de la pelouse : Août 2013
- Livraison : 29 août 2013
- Inauguration : 22 septembre 2013
En ce qui concerne le domaine footballistique, l’histoire retiendra que lors du match inaugural, l’OGC Nice reçut Valenciennes dans le cadre de la sixième journée du championnat de Ligue 1. Dario Cvitanich entra dans l’histoire du stade en inscrivant le premier but. Une bonne idée pour celui qui marqua aussi l’histoire du Gym par ses dix-neuf buts en vingt-neuf matchs lors de la saison 2012/2013. Bref, dans tous les sens du terme, Dario sait marquer. Quant au résultat final de cette rencontre, il attestera de la domination niçoise sur ce match puisqu’Éric Bauthéac, Christian Brüls et Alexy Bosetti rejoindront Dario dans la liste des premiers buteurs de l’Allianz. Alors que Bosetti n’était jamais parvenu à marquer lors de ces différentes apparitions au stade du Ray en championnat, il ne lui fallut que onze petites minutes pour trouver les chemins du filet dans son nouveau pré.
Notons que cette première rencontre réunit 34 459 spectateurs, soit approximativement 12 000 spectateurs de plus que le dernier record détenu par feu le stade du Ray.
Bien évidemment, il était impossible de terminer cette présentation sans aborder la question de l’animation des tribunes. En la matière, le mieux est de juger par vous-même au regard de quelques clichés pris au fil des trois premières saisons vécues par les supporters niçois dans les travées de l’Allianz Riviera…
Source : livre « OGC Nice : un club dans la ville » (S. Gloumeaud).