LES STADES DE L’OGC NICE
Le terrain de la Californie
Lorsqu’on se présente devant les grilles du square Marcel Kirchner, situé au sud ouest de la ville, on peine à croire que ce lieu ait un quelconque rapport avec le football et encore moins avec l’OGC Nice. Les multiples voies routières l’encerclant et l’aéroport tout proche semblent régner sans partage sur ce territoire. À moins que le nom de Marcel Kirchner lui-même constitue un indice ? Fausse route, semble-t-il… Né à Bruxelles en 1893 et mort à Nice en 1948, ce père de onze enfants (de quoi constituer une équipe de foot, mais est-ce suffisant ?) fut directeur des services techniques de la ville et dirigea les principaux grands travaux de la ville entre les deux guerres, notamment l’embellissement de la promenade des Anglais, l’amélioration des boulevards François Grosso, Saint-Roch, Gorbella ou encore la couverture du vallon de Magnan.
En fait, pour trouver la relation entre ce square et l’OGC Nice, il faut faire fonctionner la machine à remonter le temps… En 1908, ici-même, nous nous trouvions au beau milieu de l’un des rares terrains de sport municipaux. Enfin, «terrain» est un bien grand mot pour définir une zone plus ou moins vague et caillouteuse délimitée par quelques barrières… Quoi qu’il en soit, c’est ici que les premiers licenciés du football niçois viendront taquiner le ballon rond, qu’ils portent les couleurs bleues et noires du Gymnaste Amateur Club de Nice (c’était l’appellation du Gym en 1908) et de sa toute nouvelle section « football » ou les couleurs rouges et noires du Football Vélo Club. Quant à l’appellation « Municipal » du terrain, elle ne s’explique pas par le fait qu’il appartenait à la ville de Nice mais simplement par le fait qu’il était loué par la Mairie puis mis à la disposition des clubs niçois. Pour la petite histoire, les terrains appartenaient à Mesdemoiselles Curti et Revel…
Le terrain de la Californie, tel qu’on l’appelait donc, était particulièrement capricieux. Il était aussi capricieux que les ballons qui suivaient d’étranges trajectoires en fonction des mottes de terre ou des touffes d’herbe rencontrées. Autre « qualité » : sa polyvalence. En effet, il suffisait d’une bonne averse pour qu’il se transforme très rapidement en… piscine ! L’insatisfaction des utilisateurs grandissant, la mairie n’eut d’autres choix que de mettre à disposition un terrain digne de ce nom. En 1926, le lieu de ce nouveau terrain est trouvé. Ce sera au Ray, au nord de la ville.
À proximité du terrain de la Californie se trouvait un aérodrome où quelques rares et vieux « coucous » (ils s’agissaient de jeunes « coucous » à l’époque…) survolaient le ciel azuréen.
Si l’on poursuivait son chemin vers l’ouest sur la seule route présente en ce temps-là, on rejoignait un hippodrome qui se situait sur l’emplacement de l’actuel aéroport Nice Côte d’Azur. Lors de chaque meeting, des dizaines de milliers de personnes occupaient les larges tribunes de « l’hippodrome du Var », construit en 1869 et démoli dans les années d’après-guerre.
Par la suite, en compensation, les turfistes purent aller parier leurs anciens francs sur l’hippodrome de Cagnes sur Mer, inauguré en 1952.
Source : livre « OGC Nice : un club dans la ville » (S. Gloumeaud).