Roger Jouve
« C’EST À NICE QUE J’AI CONNU MES PLUS GRANDES JOIES »
À l’occasion de la réalisation d’un album photo papier sur la décennie 1970-1980 de l’OGC Nice, l’association La Grande Histoire du Gym est allée à la rencontre de l’un des joueurs les plus talentueux de cette période : Roger Jouve. Au club de 1965 à 1978, il revient avec nous sur sa carrière et sur la manière dont il a vécu ces treize années passées en rouge et noir.
Entretien réalisé en décembre 2023.
Roger Jouve, comment le football est-il entré dans votre vie ?
Comme beaucoup de gamins du quartier des Caillols à Marseille où j’ai grandi, je jouais au foot partout et tout le temps : dans la rue, à l’école, au patronage… J’ai pris ma première licence en poussins aux Caillols, vers 7/8 ans. J’y suis resté jusqu’en cadets puis j’ai signé à l’OGC Nice, à 16 ans.
Comment avez-vous été repéré ?
Je faisais partie de la sélection régionale cadets du sud-est. J’en étais même le capitaine d’ailleurs. Les meilleurs joueurs de la région y jouaient et les matchs étaient suivis par les recruteurs des clubs professionnels. C’est dans cette équipe que j’ai connu Francis Camerini et Jean-Paul Rostagni qui jouaient au Cavigal et que j’ai ensuite retrouvé à l’OGC Nice. En 1965, j’ai reçu des propositions de Monaco, Saint-Étienne, Bordeaux, Nice…
Quels étaient vos points forts ?
J’étais bon techniquement des deux pieds, j’étais endurant, agressif avec beaucoup de tempérament. Je pouvais être polyvalent puisque j’ai commencé en attaque avant de jouer au milieu, mais je pouvais aussi jouer derrière. J’étais fort physiquement aussi puisqu’à 16 ans, j’avais déjà la corpulence d’un homme.
Marseille n’a pas cherché à vous recruter, vous le gamin des Caillols ?
Oh que oui ! Le recruteur de l’OM venait quasiment tous les jours voir mes parents pour que je signe, mais à cette époque, le club était au fin fond de la deuxième division. Pour un jeune comme moi, c’était pas très emballant… J’ai finalement choisi un autre club du sud-est, l’OGC Nice, qui venait de remonter en première division.
Vous êtes arrivé à Nice à 16 ans. Comment avez-vous vécu ce départ des Caillols ?
C’était dur… Il n’y avait pas d’autoroute et mes parents n’avaient pas de voiture de toutes manières. Il n’y avait que le train. En fait, je ne pouvais voir mes parents que lorsque je jouais dans des villes proches de Marseille… Mais je n’avais que le foot en tête et ça me prenait toutes mes pensées.
Justement, à quoi ressemblait votre vie de jeune footballeur ?
Je logeais dans une chambre que m’avait trouvé le club, chez une petite mamie qui habitait en haut du boulevard Gorbella. Le matin, je prenais deux bus pour aller au lycée des Eucalyptus où je me formais à la menuiserie et la ferronnerie. Le soir, je mettais parfois deux heures pour rentrer… Et dès mon retour, je me faisais à manger et j’allais m’entraîner. Au bout d’un moment, le club m’a offert un solex pour diminuer mes temps de trajet…
Une personne a beaucoup compté pour vous durant cette période…
Oui, et c’est une personne qui a compté pour de nombreux jeunes qui jouait au Gym dans ces années-là. Il s’agit de Koczur Ferry, un ancien très bon joueur des années 50 devenu entraîneur des jeunes. Nous avions un petit terrain d’entraînement qui jouxtait le stade, le long de l’avenue du Ray. Il y était du matin au soir. À la fin de mes journées, j’étais souvent seul. Alors quelle que soit l’heure à laquelle je rentrais, je savais que j’allais le trouver. Je tapais à la porte du vestiaire et je lui demandais : « On peut aller sur le terrain pour travailler tel ou tel geste ? » Il prenait son sac de ballon, me souriait et me disait « Allez, on y va ! » Il boitait à cause d’un problème au genou. Je me souviens que son genou était très enflé… Le terrain était éclairé par une petite loupiote. Il se mettait sur le côté et pendant une ou deux heures, il enchaînait les centres, toujours des caviars ! Lorsque j’ai eu ma première sélection en équipe de France, il m’avait envoyé un petit mot. Ça m’avait fait plaisir. C’était un brave gars, un homme merveilleux. Il est parti bien trop tôt…
Quand avez-vous joué votre premier match avec les professionnels ?
J’étais cadet deuxième année et j’ai d’abord joué avec les Critérium juniors. Au bout de quatre mois, j’ai intégré le groupe professionnel. J’avais à peine 17 ans. Mon premier match, je l’ai joué en 1966. C’était un match contre Boulogne. À mes côtés, il y avait Roger Piantoni qui avait 35 ans et qui était en fin de carrière. Je me souviens qu’il m’avait dit « Tu sais que tu pourrais être mon fils ! ». Piantoni jouait en 10, Thomas était avant-centre. Au milieu il y avait Santos, Segarra… Derrière, il y avait Cauvin, Isnard, Serrus et dans les cages Ferry. L’entraîneur était Pancho Gonzalez…
Quelle était votre position sur le terrain ?
Au début, j’étais attaquant ou numéro 10. Ensuite, j’ai joué sur le côté gauche parce que je suis gaucher. Je montais, je descendais, je courrais beaucoup ! Mes coéquipiers défenseurs m’appréciaient parce que je revenais souvent défendre… Plus tard, j’ai joué milieu défensif. Les tâches offensives étaient confiées à deux techniciens hors pair, Huck et Eriksson…
Vous avez commencé à être titulaire à partir de 1971 jusqu’à votre départ, en 1978. Quelles sont les saisons qui vous ont le plus marqué ?
On a frôlé le titre de champion de France lors de la saison 1972/1973… Ça a été une grosse déception ! On termine troisièmes avec trois points de retard sur le premier alors qu’on était premiers avec sept points d’avance sur le deuxième à la trêve ! On a toujours connu des coups de mou durant l’hiver. On avait une équipe technique qui jouait bien au ballon et avec un entraîneur, Jean Snella, qui n’appréciait que le beau jeu. C’était un homme remarquable… Il nous disait toujours de chercher à nous faire plaisir sur le terrain… Mais lorsque l’hiver, on jouait à l’extérieur sur des terrains boueux ou gelés, notre jeu technique ne pouvait pas se mettre en place et on n’avait pas suffisamment de hargne pour aller chercher les points qui nous ont manqués au final…
Lors de la saison 1973/1974, vous découvrez le très haut niveau avec la coupe d’Europe et l’équipe de France…
Cette saison fait partie de mes plus grands souvenirs… En coupe d’Europe, on bat Barcelone 3-0 au Ray dans une ambiance de folie. Au retour au Camp Nou, on joue devant 50.000 spectateurs. Ça a été dur mais on s’est bien battus et on est passé (0-2). Ensuite on bat Fenerbahce 4-0 au Ray et on tient le choc à Istambul. Puis on affronte Cologne. Au match aller, on les bat 1-0 mais au retour, ils ont été largement supérieurs. On perd 4-0 mais on n’a pas de regrets… Ils avaient une équipe très forte avec de nombreux internationaux allemands. Ça a été des grands matchs à jouer, avec des stades pleins, de grands joueurs, la télévision… De superbes souvenirs !
Autre grand souvenir cette saison-là, votre premier match en équipe de France… Vous vous attendiez à cette première sélection ?
Un peu quand même parce que je flambais avec Nice et j’avais déjà été convoqué en équipe de France, mais sans avoir joué. Là, il venait d’y avoir un changement de sélectionneur puisque Kovac remplaçait Boulogne et on s’attendait à voir un peu de changement… Pour ce match face à la Grèce, je suis donc titulaire et sur ma première action, je marque d’une frappe en pleine lucarne du pied droit, moi le gaucher ! Ça reste un souvenir inoubliable… Toute ma famille était montée à Paris pour me voir jouer. On gagne 3-1 et la semaine suivante, je fais la Une de France Football. J’ai encore le magazine d’ailleurs.
Autre souvenir marquant : la finale de la coupe de France 1978…
Notre parcours en coupe de France reste un très bon souvenir parce que nous avions éliminé de belles équipes comme le PSG, Nantes, Monaco… Mais la finale reste une énorme déception…
Que vous a-t-il manqué ?
À vrai dire, je ne sais pas l’expliquer… On était favoris, on était confiants… Avant le match, dans la préparation, rien ne laissé présager qu’on allait passer à travers. On ne parvenait pas à se créer d’occasions. D’ailleurs, on ne peut même pas dire qu’on méritait de gagner ce soir-là… Je me souviens juste d’une occasion où je reçois une balle en retrait et de mon tir du droit qui passe à 50 centimètres du poteau… À la suite de cette défaite, beaucoup de joueurs sont partis…
Dont vous…
Il me restait un an de contrat, mais l’entraîneur de Strasbourg, Gilbert Gress, est venu me chercher.
Et la saison d’après, vous remportez le championnat de France avec Strasbourg…
Et oui, je n’ai rien gagné avec Nice en treize ans et là, je gagne un titre dès ma première saison en Alsace !
Justement, qu’est-ce que Strasbourg avait de plus que Nice pour remporter un titre ?
C’était un football complétement différent ! Pour Gilbert Gress, le physique était primordial. On faisait de grosses préparations en forêt noire et sur le terrain, même les attaquants devaient défendre ! Le club venait de remonter en première division, mais il y avait de supers joueurs avec trois fusées devant : Piasecki, Tanter et Gemmrich. On n’a perdu que trois matchs durant toute la saison.
Et à Nice, quels sont les joueurs qui vous ont particulièrement marqué ?
Josip Katalinski était un monstre. Il avait une telle force physique, il était taillé comme un roc, sautait au-dessus de tout le monde… Et sa frappe de balle ! Je n’en ai plus jamais vu de semblables. Il pouvait tirer des coup-francs du centre du terrain. Au début, les gardiens ne faisaient pas de mur parce qu’ils n’y croyaient pas, mais ils ont vite changé d’avis ! À l’entraînement, lorsqu’il frappait les coups-francs, personne ne voulait se mettre dans le mur. L’entraîneur nous disait : « Faites le mur ! », mais on refusait. C’était trop dangereux ! Après, il avait souvent tendance à s’emballer et montait seul balle au pieds, mais il n’était pas très doué techniquement et perdait quelques fois le ballon… Et il n’était plus derrière pour défendre ! Mais il voulait toujours monter pour s’approcher des 25-30 mètres et frapper au but. Il cadrait toujours avec une puissance extraordinaire. Il n’était pas méchant, mais tellement costaud ! Dans la vie de tous les jours, c’était une patte… On jouait aux cartes ensemble. Par contre, il fumait beaucoup. Dès que le match était terminé, il sortait le paquet de cigarettes…
Vous avez évolué avec un autre joueur yougoslave qui a marqué les supporters, Nenad Bjekovic…
Bjekovic, c’était la classe et l’élégance… C’était le joueur de football dans toute sa beauté. Il savait dribler à gauche, à droite, il était bon de la tête… Il était agressif et n’avait jamais peur. Il était très malin aussi. C’était un grand joueur et on avait de la chance de l’avoir ! D’ailleurs, tous les autres joueurs reconnaissaient son talent, même les adversaires.
Vous étiez proche de Jean-Pierre Adams ?
Oui, mais Jean-Pierre était ami avec tout le monde ! On jouait souvent aux cartes ensemble en déplacement. Il aimait rire et faire rire. Il se moquait gentiment des autres, mais il savait aussi se moquer de lui-même… Notre première rencontre a pourtant été délicate… Lors d’un match à Nîmes où il jouait avant de venir à Nice, il y a une bagarre générale – les matchs à Nîmes étaient toujours très tendus à l’époque – et je me retrouve à me battre avec Jean-Pierre, emmêlés dans les filets d’une cage… Deux mois après, il signait à Nice ! Lorsqu’il est arrivé le premier jour, on s’est revu… On a rigolé et on s’est embrassés ! On a d’ailleurs rigolé de cette histoire pendant un moment…
Vous avez évoqué Jean Snella. Avez-vous des souvenirs particuliers avec d’autres entraîneurs ?
J’avais une affection particulière pour Léon Rossi. Il était du coin, de Villefranche sur Mer. C’était un père tranquille. En fait, pour nous, il était plus qu’un entraîneur. Il était comme une partie de notre famille. Il était notre préparateur physique et a souvent pris le relais d’entraîneurs partis en cours de saison. Il était très fort physiquement. On faisait des séances d’abdos. Nous, on n’en pouvait plus, mais lui continuait. Il nous disait : « Allez, continuez ! Regardez, moi, à mon âge, je ne m’arrête pas ! »
Avec le recul, quel regard portez-vous sur votre carrière ?
Je pense avoir eu une belle carrière. J’ai toujours joué en première division, sauf une saison en deuxième division, j’ai connu la coupe d’Europe, l’équipe de France… Mais avec le recul, je pense que j’aurais pu mieux faire. J’aurais peut-être dû penser parfois un peu plus à moi… J’ai toujours pensé « collectif ». On me disait de jouer derrière, milieu, ailier… J’ai toujours joué partout sans penser à ma carrière. On m’a toujours dit que j’étais très doué techniquement et j’aurais pu davantage le montrer sur le terrain. Mais j’ai toujours été formé par des éducateurs qui me disaient : « Arrête de dribler, donne le ballon ! ». Moi, tout gamin, je prenais le ballon, je driblais toute l’équipe adverse et j’allais marquer…
Enviez-vous les joueurs d’aujourd’hui ?
J’envie les joueurs d’aujourd’hui pour la qualité des terrains sur lesquels ils jouent et s’entraînent ! Il fallait voir l’état de nos terrains à l’époque… Il y avait une belle pelouse à Sochaux. Le reste, c’était des champs de patates. Le jeu avec des passes à ras de terre en partant de derrière, ça ne pouvait pas marcher. C’est pour ça d’ailleurs qu’on jouait davantage en l’air. Je leur envie aussi la qualité des installations. J’ai visité le nouveau centre d’entraînement, c’est magnifique. Et leur salle de musculation, elle est incroyable ! Nous, Léon Rossi remplissait des sacs de pierre et on portait ça sur le dos… Ou alors on portait un co-équipier. Et pour les massages, on avait un kiné qui ne venait que tous les trois jours… Par contre, ce que je ne leur envie pas, c’est le jeu pratiqué aujourd’hui. Les consignes sont strictes, le jeu est cloisonné. Nous, on avait une certaine liberté et on s’éclatait sur le terrain. Je ne suis pas sûr que les joueurs d’aujourd’hui prennent autant de plaisir que nous. J’espère qu’ils s’ennuient moins sur le terrain que nous, nous nous ennuyons souvent à les regarder jouer… J’aimerais d’ailleurs leur poser la question : « Lorsque vous revoyez vos matchs, est-ce que ce que vous voyez vous plaît ? »
Comment avez-vous terminé votre carrière ?
Après Nice, je suis resté deux saisons à Strasbourg puis j’ai arrêté ma carrière professionnelle. Il me restait encore un an de contrat, mais je me suis fait opérer des adducteurs et à cette époque, il y avait un gros doute sur les capacités à pouvoir rejouer au plus haut niveau après une telle opération. Au même moment, j’ai été contacté par la marque Puma pour une reconversion en tant que représentant de toute la zone sud. À cette époque, les marques embauchaient les anciens sportifs de haut niveau pour vendre leurs produits dans les magasins de sports. Je me suis dit que c’était une opportunité que je ne retrouverai peut-être plus après. Alors j’ai arrêté ma carrière. J’ai continué à jouer au foot en amateurs à Fréjus et à Saint-Tropez et finalement, je me suis rendu compte que j’aurais pu encore continuer à jouer en professionnels…
On vous a aussi beaucoup vu sur les terrains de beach soccer ?
J’ai découvert cette activité grâce à des joueurs brésiliens qui jouaient dans des clubs du coin. Ils venaient régulièrement sur la plage de Juan-les-Pins pour pratiquer ce sport qui est très répandu au Brésil. J’ai commencé à y jouer et j’ai adoré. J’y jouais tous les jours et le week-end, j’allais jouer en division d’honneur à Saint-Tropez. J’avais une santé de fer parce que le beach soccer est un sport très exigeant physiquement.
Que représente pour vous l’OGC Nice aujourd’hui ?
Le Gym est une partie importante de ma vie. Je suis arrivé à Nice à 16 ans et j’en suis reparti 13 ans plus tard. C’est à Nice que j’ai connu mes plus grandes joies et que j’ai vécu mes rêves les plus fous. Je suis né à Marseille, mais lorsque l’OM joue contre Nice, je suis un supporter du Gym. J’ai grandi aux Caillols, mon père a été abonné pendant quarante ans au Vélodrome, toujours à la même place. Alors bien sûr que j’aime bien Marseille, mais mon club, c’est l’OGC Nice. J’assiste à quasiment tous les matchs à l’Allianz Riviera. Mes amis d’aujourd’hui sont ceux que j’ai connus à Nice il y a 50 ans : Henri Zambelli, Bernard Castellani, etc… On se revoit tous souvent avec toujours autant de plaisir.
Quel regard portez-vous sur l’évolution récente du club ?
L’OGC Nice a beaucoup évolué… Il y a eu des hauts et des bas, avec même une longue période de disette. Mais l’évolution récente semble montrer que le club repart sur des bonnes bases, notamment avec l’arrivée d’Ineos. Cette saison, les résultats sont au rendez-vous, même si on est un peu déçu par le jeu proposé. Mais avec les blessés et les suspensions qu’on a connus, il faut s’en contenter. Si on garde le rythme avec ce système de jeu où on ne prend pas beaucoup de buts et où on en marque juste ce qu’il faut pour gagner, je pense qu’on peut viser les quatre premières places du classement…
L’association La Grande Histoire du Gym est toujours à la recherche d’archives à partager avec les amoureux de l’OGC Nice et de son passé. Avez-vous conservé des archives ou des souvenirs durant votre carrière ?
Moi, non… J’ai dû garder un ou deux maillots, mais à l’époque, c’était très difficile de les conserver. Je me souviens même que Jean Snella nous attendait dans le vestiaire à la fin des matchs et récupérait lui-même les maillots ! Par contre, j’ai la chance que ma famille conservait de nombreuses coupures de presse me concernant. Un jour, ils m’ont offert un grand album où ils avaient rangé toutes ces archives. Je le mets bien volontiers à la disposition des adhérent(e)s de l’association !
Propos recueillis par Serge Gloumeaud
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