« Nous avons vécu une belle aventure! »
C’est depuis son domicile du Cannet-Rocheville qu’Hervé Blanc a bien voulu accepter de répondre à quelques questions nous permettant de nous replonger dans la décennie 1980 de la Grande Histoire du Gym, lui qui fut un des artisans de la remontée en première division, en 1985.
Entretien réalisé le 11 juillet 2023.
Hervé, quel a été votre parcours avant d’arriver à l’OGC Nice ?
J’ai débuté chez les jeunes au Cannet-Rocheville avant d’être repéré par le Gym en catégorie Cadets. Ensuite, je n’ai plus jamais quitté le club. J’ai été aspirant, stagiaire, stagiaire pro et professionnel. J’ai joué mon premier match pro à 21 ans lors de la saison 1981/1982 et j’ai pris ma retraite en 1990, toujours avec le maillot rouge et noir sur les épaules. Autant dire que l’OGC Nice, c’est MON club !
Vous gardez des souvenirs précis de votre premier match ?
C’était lors d’un déplacement à Montpellier. Zlatko Markovic, le coach qui avait débuté la saison, a été remplacé par Marcel Domingo qui avait décidé de lancer des jeunes. Nous avions perdu, malheureusement… J’ai débuté la rencontre à mon poste habituel, milieu de terrain.
Mais vous n’étiez pas défenseur à cette époque ?
Non. En fait, j’ai fait toute ma formation ainsi que mes débuts en pro en tant que milieu de terrain. Ce n’est que la saison suivante, avec Jean Sérafin, que j’ai commencé à jouer en défense. Il y a eu un problème avec les arrières gauches et Jean Sérafin m’a demandé si j’étais d’accord pour tenter le coup. J’ai sauté sur l’occasion pour jouer, d’autant plus que je n’étais pas titulaire au milieu, et ça s’est tellement bien passé que je n’ai plus jamais quitté ce poste jusqu’à la fin de ma carrière !
Revenons à la saison 1981/1982 qui fut difficile puisque le club a été relégué en D2… Quel souvenir en gardez-vous ?
On ne s’attendait pas à une telle saison puisque l’effectif est tout de même de qualité avec André Rey, Carlos Curbelo, Henri Zambelli, Robert Barraja, Bruno Metsu, Edhem Sljivo, Paul Marchioni… Après, je ne sais pas trop comment ça se passait dans le vestiaire étant donné que je n’ai pas joué beaucoup de matchs (12). À cette époque, il n’y avait que deux remplaçants et les places dans le groupe étaient chères !
En 1982, le Gym descend donc en Division 2 et c’est Jean Sérafin qui en est le nouvel entraîneur. Il faudra attendre trois saisons pour remonter en D1. Comment avez-vous vécu cette période ?
Paradoxalement, même si nous étions en deuxième division, j’en garde un bon souvenir. On a vécu une belle aventure avec un bon groupe de joueurs où tout le monde avait un bon état d’esprit. Et on savait aussi bien jouer au ballon !
Remonter en première division n’a pas été chose facile…
Les deux premières saisons, nous avons manqué de maturité et de réussite. En 1984, on a vécu un épisode rocambolesque en match de barrage d’accession avec la défaite face au Racing Paris… Le premier match à Paris a été interrompu par un orage incroyable alors que nous menions au score. Et le deuxième match que l’arbitre n’en finissait pas de laisser jouer, ce qui a permis aux Parisiens d’égaliser et d’aller en prolongation… C’est un souvenir terrible. Je garde encore le sentiment d’une grande frustration et d’une injustice. La troisième saison sera la bonne. Ça a été une joie mais aussi un soulagement d’avoir enfin atteint notre objectif.
La saison suivante, pour votre retour en première division, vous êtes de nouveau titulaire. Le passage de la D2 à la D1 n’a pas été trop difficile ?
À vrai dire, je ne me suis pas posé de question… Comme d’habitude, j’ai donné le meilleur de moi-même et tout s’est bien passé !
Vous avez même inscrit un but cette saison là. Vous pourriez nous le décrire ?
C’était lors de la réception de Nancy. Nous l’avons emporté 3-1 et j’ai marqué le troisième but. Jocelyn Rico a débordé sur le côté droit et a centré au deuxième poteau. J’ai repris le ballon de la tête et je l’ai mis au fond…
En 1987, Jean Sérafin quitte le Gym après y avoir passé cinq saisons. Comment avez-vous vécu son départ ?
Ça se passait très bien avec lui, j’étais donc un peu inquiet… Il m’a d’ailleurs proposé de partir avec lui à Nîmes, mais je venais de resigner à l’OGC Nice pour trois ans et je m’y sentais bien. D’ailleurs, durant ma carrière, j’ai eu quelques propositions pour quitter le Gym, mais je n’ai jamais donné suite. L’idée de partir d’ici ne m’a jamais enchantée…
C’est Nenad Bjekovic qui reprend les rênes de l’équipe. Quelles étaient vos relations avec lui ?
Ça s’est très bien passé. Nenad Bjekovic avait une grande expérience du terrain et il savait donc où il allait. Mais cette saison-là, l’effectif s’est renforcé avec de nombreuses recrues telles que Marco Elsner, Milos Djelmas ou encore René Marsiglia en défense. Il y avait donc beaucoup plus de concurrence et j’ai moins joué…
Vous avez douté ?
Évidemment, je ne l’ai pas trop bien vécu. D’autant plus qu’à l’époque, il n’y avait que treize joueurs sur la feuille de match et tous les autres jouaient en troisième division. On ne faisait donc pas partie du groupe qui jouait les matchs de D1… C’était plus compliqué.
Vous avez quitté Nice en 1990, en même temps que vous mettiez fin à votre carrière professionnelle alors que vous n’aviez pas encore trente ans…
J’ai commencé à avoir des problèmes avec une cheville lors de la saison 1988/1989 et ça ne s’est pas arrangé par la suite. J’ai donc préféré arrêter ma carrière…
Quelle a été la suite de votre parcours ?
J’ai travaillé pour la mairie du Cannet-Rocheville et j’ai encore un peu joué avec leur équipe seniors. Je me suis aussi occupé des jeunes du club.
Aujourd’hui, que représente l’OGC Nice pour vous ?
C’est mon club ! C’est le club que je suis, que j’encourage et que je regarde jouer, à la télé ou au stade. Je prends plaisir à revoir d’anciens joueurs, notamment ceux nés dans la région comme René Bocchi, Christian Cappadona ou Daniel Sanchez. À l’époque, l’équipe comptait pas mal de joueurs locaux. Ça a malheureusement disparu aujourd’hui…
Que pensez-vous de l’évolution du football depuis les années 80 ?
Je trouve que le football est devenu ennuyeux. Ça joue à toi, à moi, à moi, à toi… C’est lent et ça n’avance pas, même lorsque l’équipe est menée. Ça en devient même stressant ! Et maintenant, on repart même du gardien de but… Ce n’est pas plutôt aux milieux de terrain de construire le jeu et de lancer les attaquants ? Chacun son rôle… Ça manque de spontanéité, de vitesse et de jeu direct.
Hervé Blanc, merci beaucoup pour votre disponibilité. Accepteriez-vous de devenir Membre d’Honneur de l’association La Grande Histoire du Gym ?
Avec grand plaisir ! C’est très gentil à vous. Bravo pour tout ce que réalise cette association ! J’ai moi-même d’ailleurs quelques archives que je mets volontiers à votre disposition !
Propos recueillis par Serge Gloumeaud
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